Dernière danse
La vitrine de la boutique, miroir au tain de poussière, n’offrait plus au piéton que son propre reflet altéré, comme sur les photographies des temps anciens, à l’époque où le papier albuminé paraissait se gorger des couleurs délavées de l’image, s’en nourrir et les régurgiter par ses fibres. Toutes formes alors se fondant et s’estompant de sa mémoire.
Depuis le trottoir, dans l’indifférence des pas affairés, parfois, un enfant contraignait un parent à s’arrêter devant le voile brumeux de la devanture du vieil atelier. Sa petite main, vainement, tentait de repousser la poussière inaccessible, mais, tenace, son œil parvenait toujours à dérober aux ombres ocres les trésors qu’elles dissimulaient. Le parent, entraîné par la petite main curieuse et prisonnière de la sienne, se détournait du chemin fatalement tracé sous ses pieds et portait son attention sur l’affiche collée à la vitrine, sans savoir si la crasse qui en ourlait les bords provenait d’elle ou de l’état de la vitre. Le parent notait alors que, dans un décor de cirque suranné, dansaient des marionnettes de bois, dessinées avec le soin et la malaisance commune à ses personnages enfantins, pantins traditionnels du petit théâtre à tréteaux. Au premier plan - en très gros plan ! - une silhouette inquiétante, inachevée, au visage aveugle et lisse comme un pied de canapé, se dressait face à l’observateur, à hauteur de son visage. Et au-dessus, une phrase d’accroche commerciale maladroite dans la police typique des fêtes foraines avait pour objectif d’appâter le chaland : « Offrez une marionnette personnalisée. Osez la moirionnette ! ». Prestement, le parent tirait sur la main de sa progéniture en grommelant et pestant contre un produit inutile au prix certainement exorbitant.
La lumière passait elle-même difficilement la porte du marionnettiste. Il restait en suspension en l’air suffisamment de matière de bois, d’effluve de résine et de peinture, pour l’empêcher d’atteindre l’atelier de l’artiste, et au-delà, la petite chambre de son logis. Le halo d’or de sa lampe de travail illuminait ses doigts experts qui ponçaient avec délicatesse les petits corps en morceaux, les dépouillant de leur pellicule de sciure, les parant de toutes les couleurs de la vie dans la caresse d’un pinceau fin.
Mario aimait le travail bien fait. Aussi couvait-il d’un regard tendre ses créations suspendues en tout endroit de son échoppe, jambes et bras ballants, sourires figés, coiffes et coiffures toujours parfaitement arrangées, robes et costumes tristement poudrés, sans main pour les animer. Ses pantins étaient des œuvres d’illusionniste. Certes, leurs corps articulés étaient ceux de marionnettes de bois. Le vieil homme prenait soin de conserver ce juste équilibre entre le réalisme des proportions et des mouvements, et l’artificialité fragmentée des membres. Mais pour le visage, il savait révéler toute l’étendue de son art mimétique.
Malheureusement, ses talents n’intéressaient plus personne, et son vieux bureau en chêne menaçait de s’écrouler sous le poids des lettres de créances diverses et variées qu’il avait décidé de ne plus ouvrir depuis fort longtemps. S’il ne s’ennuyait pas, les ennuis, quant à eux, cherchaient sa compagnie. Une fuite dans le mur, des volets condamnés, la cuisinière à bois à l’évacuation presque bouchée, son débit d’électricité réduit, son chauffe-eau en panne, une vilaine toux persistante… Le grand balancier de l’horloge comtoise scandait les vers aux rimes batelées d’un funeste poème dont Mario connaissait le misérable refrain esseulé.
Une fin d’après-midi de novembre, noire de pluie et d’orage, augurant un soir de tempête, il faillit ne pas entendre la petite clochette suspendue de la porte d’entrée. Il ne saisit pas tout de suite la provenance de ce tintement éveillant un souvenir lointain d’une époque où la Toussaint se célébrait encore dans le recueillement, où le carnaval ne se confondait pas avec la Saint-Quentin, et où les jouets de bois peint parfumaient le pied des sapins de Noël. Lorsque les carillons de bois de centaines de petites jambes affolées et suspendues s’entrechoquèrent sous la rafale s’engouffrant dans la boutique, il se redressa lentement. Les paillettes de poussière virevoltèrent un temps. La fumée poudreuse se troua de volutes quand un grand homme se mit à déambuler dans la boutique. Époussetant son vieux pull et son pantalon de flanelle fatiguée, Mario quitta son ouvrage, surpris de recevoir une visite si tardive comme de constater qu’il s’attendait si peu à en recevoir qu’il en avait omis de fermer la porte.
— Monsieur, bonsoir. Puis-je quelque chose pour vous ?
L’homme ne daigna pas répondre, louvoyant entre les petits bonshommes de bois. Mario n’était pas dupe. L’homme était détrempé et la tempête ne faiblissait pas. La boutique ne serait qu’un abri temporaire pour lui. Perdu dans la contemplation des pantins, l’homme ne lui prêtait aucune attention. Mario était surpris de son accoutrement : un chapeau haut de forme, une pèlerine… Lui qui se sentait hors du temps avait trouvé son maître ! L’homme avait cessé ses déplacements. Sa pèlerine mouillée dégouttelait sur le sol, auréolant son ombre d’eau noire.
— Il ne fait pas chaud dans la boutique. Si vous souhaitez vous réchauffer et vous sécher, je peux vous offrir un siège dans l’atelier. Un bouillon chauffe sur la cuisinière. Ce n’est que du bouillon, mais…
— Ces deux marionnettes m’intriguent…
Si l’homme en cape avait regardé le vieux marionnettiste, il aurait vu s’allumer dans son regard la plus brillante des étincelles.
— Ces deux-là ? l’ange et le démon ? Une troupe de théâtre ambulant, il y a fort longtemps, m’avait commandé ces deux marionnettes à fil. Avec celle-ci à votre droite, celle de Marguerite. Ils voulaient représenter le mythe de Faust. Mais la troupe a quitté la ville avant que je finisse le travail… et bien sûr sans me payer.
— Du théâtre et des marionnettes ? Faust n’est pas un conte pour enfant, pourtant.
— Certes…
— Et je ne me souviens pas d’un ange dans la pièce de Goethe.
— Si vous regardez bien mon ange… enfin… ma marionnette d’ange, elle a des traits de la Marguerite. Je voulais représenter ainsi l’éternelle féminin guidant l’homme vers le salut.
— Un peu manichéen, mais l’antagonisme symbolique reste efficace. Puis-je donc avoir un bol ?
— Un bol ?
— De bouillon ?
Mario offrit son meilleur fauteuil, au velours râpé, sur lequel le visiteur dépouillé de sa pèlerine s’installa avec un plaisir manifeste. Le bol fumait entre ses mains. L’homme était encore jeune, bien que son allure et son costume sombre à redingote rendissent une impression contraire. Le marionnettiste s’assit à sa table de travail.
— Êtes-vous de passage en ville, monsieur ?
— Oui.
— Venez-vous de loin ?
— On peut dire ça. Et vous, marionnettiste, avez-vous toujours vécu ici ?
— Oui, cet atelier est dans ma famille depuis les années 1880. Imaginez-vous ! Mon arrière-arrière-grand-père a créé cette boutique et chaque génération après lui a hérité de son savoir-faire. L’affaire était florissante à ses débuts. Aujourd’hui…
— Ce n’est pas de votre faute, votre talent n’est pas en cause. Les visages de vos marionnettes sont remarquables de vérité.
— Merci, monsieur. Je sculpte - ou plutôt je sculptais - sur modèle, vivant ou photographique. J’essaie de capter l’essence d’une figure, la force d’un regard. C’est un exercice compliqué. Un visage est une chose si mystérieuse… Mais je n’ai pas su m’adapter à cette époque. Les gens passent sans même jeter un regard sur ma boutique. Ils ne regardent même plus devant eux. Ils avancent, les yeux rivés sur leur téléphone. Comment voulez-vous que mes pantins de bois rivalisent avec leurs gadgets numériques ? J’avoue que j’ai renoncé. Ma faute, ma faiblesse. Je n’ai même plus l’envie de nettoyer la devanture…
— Et après vous ?
Mario but une gorgée trop pleine de bouillon, et se brûla la langue.
— Je n’ai ni client, ni apprenti, ni enfant. Ni femme.
— Si seulement les relations entre hommes et femmes étaient aussi simples à gouverner qu’un théâtre de marionnettes !
— Vous avez bien raison, monsieur. Mais regardez-moi. Je suis vieux. Et même avant cette fatalité du temps, qu’avais-je à offrir à une femme ? J’ai toujours tant travaillé, pour si peu… Mais je ne suis pas si seul que vous le pensez ! Tout un monde s’agite à mes côtés et habite sous mon toit. Regardez un peu !
Retrouvant sa vigueur d’antan, Mario mit en branle une sorte de petit gramophone qui lâcha un son granuleux et pincé, et saisit un grand linge blanc au moyen duquel il ôtait la sciure de ses pantins. Puis il fit à une pointe du tissu un gros nœud qu’il tint entre deux doigts discrets, et commença à manipuler la sommaire poupée de chiffon née de sa main. Elle allait et venait, doucement, frêle fantôme dansant sur les notes de violons, dodelinant de concert avec la voix chevrotante de quelque diva oubliée. Tantôt la poupée soulevait une de ses manches chauve-souris dans une attitude dramatique. Tantôt elle se courbait, suppliante et humble, au pied du voyageur inconnu. Lorsque la chanson s’arrêta, la poupée saluant son spectateur d’une révérence avant de reprendre sa forme de chiffon, l’étranger souriait. Il se dégageait de lui en cet instant suspendu aux grésillements de l’appareil une douceur presque féminine, comme ces icônes de la Vierge à l’enfant immortalisant un instant de grâce et de bonheur éphémère.
L’homme se leva alors.
— Marionnettiste, vous m’avez offert un toit, un repas et un enchantement. Que puis-je faire pour vous en retour ?
Le vieil homme balbutia. Que répondre ? Et qu’y pouvait de toute façon son visiteur ? Il ne voulait rien, et tout à la fois. Du temps. Un retour dans le passé. À l’époque où il était amoureux d’une fleur des champs du nom de Gala et dont il donnait les traits à ses plus belles marionnettes. Donc il désirait tout, oui, mais ne voulait plus rien. Une quinte de toux lui déchira la poitrine, il alla s’isoler un instant dans la chambre pour expectorer les sombres humeurs qui l’étouffaient.
Il revint auprès de l’homme devenu grave.
— Vous êtes bien aimable, monsieur. J’ai profité de votre compagnie. Ce sera assez pour ce soir.
— Alors, je vous achète cette marionnette de Méphistophélès. Elle m’amuse. Le pauvre diable... Libérons-le de ce clou qui l’enchaîne si cruellement à l’angeline. Quel enfer pour lui se dut être comme cohabitation depuis tant d’années !
— Pour le bon mot, je vous l’offre. Je ne suis pas à ça près et de toute façon je ne comptais pas l’emporter dans ma tombe !
Le vent soufflait à tout rompre. La tempête hantait jusqu’aux rêves du vieux Mario. Des rêves de danses endiablées à la Saint-Jean, dans les bras de la belle Gala dont le corps s’estompait un peu plus à chaque pas. Ne trouvant le sommeil que dans le cauchemar et la valse de ses regrets, il décida que cette nuit ne serait pas. Il se leva donc de son lit grinçant et s’assit à son établi, l’esprit chamboulé de musique, d’amour et de guinche, mais aussi obscurci par l’ombre de la silhouette de l’homme hautement coiffé. Il s’était livré à lui, avait dévoilé ses pensées intimes, à un inconnu. Et les mots avaient rendu la vie à ses secrets.
Il s’anima avec ardeur. Deux pantins de grandes tailles étaient déjà vernis sur le métier. Il se précipita sur eux, vérifia les fixations, améliora les articulations des doigts et des poignets, façonna leur croix d’attelle. Il ôta la tête de bûche grossière et choisit à la place un bois précieux qu’il se mit à sculpter avec enthousiasme. Très vite, les visages prirent forme. Ses gestes précis épousaient les contours d’un nez tantôt camus tantôt mutin, et des lèvres retroussées ou charnues. Il fermait les yeux pour faire renaître le souvenir lointain d’un visage aimé. Quand il passa ses mains caleuses sur ses propres joues amollies et sur son arcade sourcilière en broussaille, il résolut d’offrir à sa moirionnette une cure de jouvence. D’une vieille boîte de métal, il exhuma quelques vieilles photographies jaunies datant de sa Confirmation, sur lesquelles il posait devant l’église, raide et engoncé, en costume blanc cousu par les mains habiles de son père. Sur l’une d’elle, sa mère, dépassée d’une tête par son petit, s’appuyait fièrement contre son épaule. Il referma la boîte. Ce n’était pas ce visage de femme que sa mémoire voulait convoquer.
Il reprit son ouvrage avec détermination, malgré l’heure nocturne, malgré la lumière vacillante. Les corps étêtés des pantins l’attendaient sur l’établi, et Mario en souffrait. Une fois l’outrage réparé, il peignit des yeux bruns et des yeux verts sur des teints pâle ou rose. Des cheveux châtains descendirent en cascade sur la robe de lin blanc de la nouvelle Gala. Les cheveux courts et noirs, tels qu’ils ne l’étaient plus, bouclèrent sur les tempes du jeune Marius vêtu d’un même tissu immaculé.
Il s’endormit au petit matin, laissant achevées sur le fauteuil, doigts et fils entremêlés, les créatures nées de ses souvenirs.
Quand il ouvrit les yeux, il faisait à nouveau nuit. Son feu était mort. L’obscurité était totale. Il réalisa alors que toutes les lumières provenant de la rue devaient être éteintes. Il alluma une lampe à pétrole qu’il posa sur la cuisinière froide, éclairant d’une lumière falote les ombres mobiles des pantins. Au moment où le battant de l’horloge sonna une heure du matin, Mario sursauta en distinguant plusieurs hommes courir à toutes jambes dans la rue.
— Ils ont le diable aux trousses, ma parole ! Qu’est-ce qu’ils font dehors à cette heure ?
Ces mots à peine prononcés, il en regretta la candeur. Une vague déferla avec violence. La digue avait dû céder. Avant de pouvoir réfléchir et encore moins agir, la porte de sa boutique s’ouvrit avec fracas, brisant le verre de la vitre, et l’eau sale dévasta tout sur son passage, pantins, tables basses, chaises, outillage. Des vortex entraînaient les marionnettes loin de leur demeure, les noyant parmi les ordures charriées par le torrent bourbeux de la rue.
Mario perdit l’équilibre, mais parvint à se réfugier sur son lit, au sommier de chêne rehaussé pour faciliter son lever et son coucher. De là, il voyait toujours Marius et Gala, amoureusement uni dans la tourmente, ballotés par la force du courant se heurtant au lourd fauteuil. Mario sentit son cœur s’emballer. Il regardait Marius dans l’espoir de lui transmettre un peu de sa force et de sa volonté. Il priait pour qu’il ne lâchât pas la main de sa bien-aimée.
Un cri étouffé par le grondement de l’eau s’arracha des poumons douloureux du vieux marionnettiste quand Gala fut emportée par une vague plus haute que les autres. Puis ce fut à Marius de s’abîmer dans l’eau noire et puante. Le vieil homme s’élança à leur secours. Mais la lutte était vaine. Les éléments déchaînés s’opposaient à lui. Il se recroquevilla sur son lit qu’il avait pu rejoindre tant bien que mal, mouillé de fange et de larmes.
Quand le déluge fut passé et la lumière du jour revenue, le marionnettiste ne put que constater les dégâts, impuissant. Quelque chose en lui se brisa. Il savait qu’il n’aurait jamais la force de nettoyer, de rebâtir, de faire le deuil de son monde des merveilles. Ils contraignaient son esprit à bannir l’image même de ses deux plus chères créatures, mortes à peine nées.
Il foulait pantelant la boue et les débris, secoué par la toux, perdu, hagard, quand une jeune fille entra. Elle portait des bottes en plastique et se déplaçait avec bien plus d’aisance que le vieil homme pieds nus. Une pelle à neige à la main, elle s’adressa à lui avec assurance et douceur :
— Vous avez besoin d’aide, monsieur ? Je peux commencer à déblayer le plus gros.
Ne parvenant à prononcer un mot, il ne put qu’hocher maladroitement de la tête, contemplant le désastre d’une vie finie. Il n’entendit pas les coups de pelle, le bruit de succion de la boue collant au métal. Mais il entendit un petit cri de surprise.
— Elle a eu de la chance celle-là ! Regardez, monsieur.
Les jambes d’un grand pantin aux cheveux noirs et poisseux étaient coincées contre le chambranle de la porte par un meuble déplacé par la force de l’eau. Les fils entortillés d’une croix de bois s’étaient pris entre ses doigts. Au bout de ces fils, dans un amas de boue et de détritus, contre la vitrine de la boutique, robe déchirée, s’accrochait la main désarticulée de la belle Gala.
Beaucoup de voisins étaient venus aider au déblaiement de la boutique. Certains apportaient avec eux des pantins retrouvés çà et là dans la rue. L’eau sale avait laissé son empreinte délétère sur une soixantaine de centimètres de hauteur dans toute l’échoppe. Le sol et les murs étaient à présent propres, mais vides. Par commodité lors du nettoyage et pour préserver la tête des nettoyeurs, les pantins avaient été décrochés des plafonds et des clous muraux, puis entassés pêle-mêle sur les meubles hauts préservés de l’inondation.
Mario s’était isolé sur son lit, deux grands pantins avec lui, assis sur ses jambes. La jeune fille vint l’informer que sa porte avait été réparée – un carton ferait pour un temps office de vitre, mais il devrait appeler son assurance pour couvrir les dommages et demander son remplacement – mais qu’elle ne fermait plus. Le vieil homme hocha la tête en signe d’acquiescement, ne quittant pas ses marionnettes de ses yeux rougis et gonflés. La jeune fille s’inquiéta pour lui, pour sa respiration sifflante, pour les gouttelettes de transpiration perlant à son front, pour son mutisme. Mais elle le quitta, allumant en partant la vieille lampe à pétrole et le feu dans le poêle de la cuisine.
La main de Marius brossait les cheveux de Gala. Tous deux avaient retrouvé un peu de leur éclat par les soins que les mains fiévreuses de leur créateur leur avaient prodigués. Ils étaient propres, vêtus de frais, rayonnant de candeur, souriants.
Allongés sur le lit, les bras de Marius enserrant tendrement le bois tendre de la belle Gala, tous s’endormirent. Quand l’horloge sonna une heure du matin, un tintement métallique emplit la boutique de sa vibration cristalline. Des bruits de pas lourds et lents traversèrent les espaces vides de l’échoppe, puis l’atelier, jusqu’à la petite chambre. Des cliquetis de bois bruirent aux côtés du vieil homme brûlant, suant, haletant. Il entrouvrit une dernière fois ses paupières lourdes, trop lourdes. Dans l’embrasure de la porte, se dessinaient, sur une ombre coiffée, deux silhouettes blanches et légères, dansant au gré de pas hésitants, doigts et fils entremêlés.
© Vanessa Ettorre, "Dernière Danse", 2021
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